Depuis une quinzaine d’années, la voie professionnelle subit de plein fouet des choix politiques déclinés en réformes, imposées de façon verticale, sans aucune concertation avec les personnels.
Elles réduisent systématiquement les horaires d’enseignement, en particulier disciplinaires, au détriment de la qualité de la formation dispensée aux jeunes, en obérant à la fois leurs chances d’insertion professionnelle et leurs possibilités de poursuite d’études.
Ces réformes se sont largement appuyées sur des expérimentations et des dispositifs qui ont ensuite été généralisés sans le moindre bilan et sans tenir compte de l’avis des professeur∙es, ce qui a pour effet une perte de sens et une dénaturation des métiers.
Le projet de réforme Grandjean de la voie professionnelle, comme la transformation Blanquer, s’inscrit dans cette « tradition ». Il entende favoriser l’apprentissage qu’il présente comme « modèle », une « voie royale » et part du faux postulat que l’on apprendrait mieux en entreprise qu’en LP. La ministre déléguée n’a rien cédé sur le fond et entend maintenant passer par des expérimentations menées dans les établissements pour appliquer les « 4 points du socle » qu’elle nomme dorénavant « leviers ». Ces nouvelles expérimentations, comme celles du dispositif 5e de collège et d’autres qui les ont précédées, seront rapidement généralisées sans davantage de bilan. Le SNUEP-FSU poursuit son combat contre ce projet qui reste un péril imminent pour l’avenir des jeunes et nos métiers et il continue de mener une campagne d’information des personnels
En ce qui concerne l’académie de Limoges, nous vous alertons, Madame la Rectrice, sur le manque de moyens financiers et d’investissement dans les ateliers en SEGPA. Des collègues ne peuvent plus enseigner par manque de matière d’œuvre, par manque de matériel ou parce qu’ils ne peuvent garantir la sécurité des élèves. Nous vous demandons, Madame la Rectrice, d’intervenir auprès des conseils départementaux afin que ceux-ci donnent les moyens nécessaires pour que les SEGPA puissent fonctionner normalement.
Si nous regardons les prévisions d’effectifs 2023 pour les élèves de lycées professionnels, vous prévoyez 13 élèves en moins par rapport à 2022. Comme le SNUEP-FSU l’avait déjà souligné lors du CTA de janvier 2022, les effectifs élèves sur lesquels sont basés l’attribution des moyens ignorent toujours la présence dans nos classes des apprentis en mixité de public. Sur un recensement rapide de la moitié des LP ou SEP ce sont plus de 100 jeunes supplémentaires dont nous avons la charge qui ne sont pas pris en compte dans cette enveloppe. Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises, la gestion de jeunes aux statuts différents dans une même classe détériore fortement les conditions de travail des enseignant∙es et d’études des différents publics accueillis. En outre, les apprenti∙es viennent gonfler les effectifs de classe sans moyen supplémentaire.
Le discours propagé par la hiérarchie qui prétend qu’accepter des postes permet le maintien des postes est mensonger. En effet, aucune heure en plus n’est abondée dans les DGH grâce aux apprenti.es car le financement de leur formation est différent. Pour le SNUEP-FSU, le mixage des publics est une menace, un non-sens pédagogique, et un dispositif à combattre car il dégrade les conditions d’études des élèves et des apprenti.es ainsi que les conditions de travail des personnels.
